lundi 17 janvier 2011

ETES VOUS SERENDIP ?


Week-end à Paris et donc pas mal de temps passé dans les transports ... lu dans la presse pendant le trajet ...

Heureux hasard, trésor caché, bonne étoile... La serendipity, « serendipité » en VF, est une philosophie, un état d’esprit positif qui inspire coachs et sociologues. Pour bousculer ce monde formaté, il faut parfois compter avec la chance. Analyse d’une tendance qui nous veut du bien.

Aujourd’hui synonyme – un peu réducteur – de « coïncidence sympa » ou de « réceptivité à l’inattendu », la serendipity est une vieille histoire. Elle nous vient du philosophe anglais Horace Walpole qui, en 1754, dans le conte Les Trois Princes de Serendip, développa l’idée que l’on fait parfois les meilleures trouvailles par hasard. Un peu comme à la brocante. Elle désigne depuis la capacité à valoriser une découverte imprévue (voire un fiasco initial) et suscite une littérature importante (1).

Trouver un billet de 100 euros par terre, par exemple, c’est juste un coup de chance  anecdotique. Mais découvrir l’Amérique alors qu’on cherchait simplement un raccourci pour les Indes, en revanche, c’est très serendip. « Quand on ne cherche pas, on trouve », pourrait d’ailleurs être la devise du sérendipiteur, ce Christophe Colomb du quotidien. Les cas ne manquent pas de découvertes historiques fortuites qui illustrent la théorie : de la tarte Tatin (une simple tarte aux pommes tombée par terre que l’on fait cuire à l’envers) à la pénicilline (une fenêtre ouverte qui fait naître des moisissures bleues bizarres), en passant par le Post-it (né d’une colle inefficace), vive la serendipity !

Pourquoi cette notion, souvent cantonnée à la science, est-elle sur les lèvres de tous les branchés de 2011 ?
Prémonitoire, la Revue des sciences sociales désignait d’ailleurs sérendipité comme mot de l’année dès 2009. Pour le sociologue Dominique Cuvillier, auteur de 100 Tendances d’aujourd’hui pour demain (éd. du Chêne), ce serait une réaction à un monde trop normé, rendu étriqué par la généralisation du principe de précaution et la hantise du grain de sable qui dérègle tout. « La sérendipité invite à retrouver le goût du risque, du fortuit, de la vitalité hasardeuse. C’est une façon de s’extraire du carcan des conduites dictées. » Une attitude d’autant plus séduisante aujourd’hui que l’ère du Web 2.0 forme des bataillons d’esprits fureteurs, butineurs et surfeurs, habitués à sauter de lien en lien et d’info en info, soit le b.a.-ba du « hasard créatif ». Nos enfants, qui sont des « digital natives », ont la sérendipité infuse. Une qualité très moderne que ne comprennent pas encore, hélas, leurs professeurs. Mais ça viendra... Et vous, serendip, vous l’êtes un peu, beaucoup ou pas du tout ?

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