vendredi 18 février 2011

VIVE LA RETOX

La retox, tendance émergente et doucement transgressive, est en effet le contraire de la célèbre détox. Et comme son nom l’indique, elle consiste à réintroduire avec volupté dans sa vie toutes sortes d’interdits délectables. Pour le sociologue Dominique Cuvillier, la detox est même devenue le symptôme d’une « entrée en force du moralisme, de l’hygiénisme » dans nos vies. « Les citadins branchés veulent se laver physiquement et psychologiquement par des ablutions contemporaines concoctées par des purificateurs du corps et de l’esprit », renchérit notre expert. Vu comme ça, le steak-frites n’est d’ailleurs pas un craquage lipidique honteux. C’est un acte de résistance retox ! La retox serait plutôt une « forme d’anarchie qui puise dans l’illicite et les tabous », note toujours Dominique Cuvillier. Et une vraie attitude de contestation du politically correct. La tribu Retox « fume dur, boit lourd, mange gras, ne trie pas ses poubelles, conduit vite, etc. Elle s’intoxique pour montrer son refus d’un hygiénisme destructeur », poursuit-il. Sans aller aussi loin, qui n’a pas un peu fantasmé récemment devant Mad Men, où le whisky et les cigarettes s’exhibent à outrance sans le moindre complexe ? Ce n’est pas que l’on envie ses héros de se détruire gentiment, c’est juste que l’on a parfois la nostalgie d’une époque plus légère, plus innocente, où le danger n’était pas tapi derrière chaque plaisir. Le succès des bios, livres ou films, de Françoise Sagan, d’Yves Saint Laurent, voire, très récemment, de Patti Smith, relève d’ailleurs de la même fascination pour un temps où le « zéro risque » et la « clean attitude » n’étaient pas encore la règle. Dans quinze ans, note encore Dominique Cuvillier, cette façon d’être« pourrait toucher 20% à 30% des populations, attirées par le laisser-faire, l’abandon de valeurs trop pesantes, étouffantes ». Plus philosophique qu’elle n’en a l’air, la retox ?

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